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format, reliés comme des missels. Contre le mur était clouée une image aussi vieille que celle qu’Ordinov avait dans sa propre chambre. Devant l’image brûlait une lampe. Le vieux Mourine était étendu sur son lit, malade, pâle comme la laine, couvert d’une fourrure. Il tenait un livre ouvert sur ses genoux. Catherine était couchée sur un banc près du lit, un bras autour de la poitrine du vieillard, la tête penchée sur son épaule. Elle le regardait avec des yeux attentifs, tout brillants d’un étonnement enfantin, et semblait écouter avec une curiosité infinie ce qu’il lui racontait. Par moments, la voix du conteur s’élevait, l’animation se peignait sur sa figure blême, il fronçait le sourcil, ses yeux jetaient des éclairs, et Catherine semblait frissonner de terreur. Alors quelque chose qui ressemblait à un sourire apparaissait sur les traits du vieillard, et Catherine aussi souriait, doucement. Par moments les larmes brillaient dans ses yeux, et le vieillard la caressait comme un enfant, et elle l’étreignait plus fortement de son bras nu, si blanc ! Et laissait amoureusement rouler sa tête sur la poitrine du malade.

Ordinov se demandait si tout cela n’était pas