Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était mouillé jusqu’aux os et remarqua pour la première fois que la pluie tombait à verse. Il retourna chez lui. Non loin de la maison il aperçut le dvornik et crut voir que le Tartare le regardait fixement et avec curiosité, puis fit mine de s’éloigner en voyant qu’Ordinov l’avait aperçu.

— Bonsoir, lui dit Ordinov en l’atteignant. Comment t’appelle-t-on ?

— On m’appelle dvornik, répondit l’autre en souriant.

— Y a-t-il longtemps que tu es dvornik ici ?

— Longtemps.

— Mon logeur est un mechtchanine ?

— Mechtchanine, s’il te l’a dit.

— Que fait-il ?

— Il est malade, il vit, il prie Dieu.

— C’est sa femme ?…

— Quelle femme ?

— Celle qui habite avec lui.

— Sa fa-a-me, s’il te l’a dit. Adieu, barine.

Le Tartare toucha sa casquette et pénétra dans sa loge.

Ordinov rentra chez lui. La vieille, en marmonnant et en grognant toute seule, lui ouvrit la