Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme cette haine m’attirait étrangement vers elle ! La haine doublait l’amour, et cela ressemblait presque à de la vengeance…

Un immense étonnement bouleversa ses traits, un étonnement tout voisin de la terreur. Mais ce fut court, et elle se hâta de m’étreindre avec une ardeur passionnée.


XX


Un quart d’heure après, je courais de long en large dans la chambre avec une impatience fébrile. À chaque instant, je m’approchais du paravent, et, à travers une petite fente, je regardais Lisa. Elle était assise par terre, la tête appuyée au lit, et paraissait pleurer. Mais elle ne s’en allait pas, et cela m’irritait. Maintenant elle savait tout. Je l’avais suprêmement outragée, mais… Que sert de raconter ? Elle savait maintenant que mon bref désir était né d’une pensée de vengeance, du besoin de lui imposer une humiliation nouvelle,