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Une heure plus tard, Ordinov était installé, à son propre étonnement, – et à celui de M. Schpis, qui commençait à soupçonner, avec sa douce Tinchen, que son locataire s’était moqué de lui. Ordinov ne comprenait guère comment tout cela avait pu arriver, mais il ne tenait pas à le comprendre.


II


Son cœur battait si fort que ses yeux se troublaient et sa tête tournait. Machinalement il entreprit de mettre ses affaires en ordre. Il dénoua le paquet de ses hardes; puis il ouvrit sa malle de livres et voulut les ranger. Mais bientôt ce travail le lassa. À chaque instant s’offrait à ses yeux éblouis l’image de cette jeune femme dont l’apparition avait bouleversé son âme et vers qui tout son cœur se portait dans un irrésistible élan. Tant de bonheur désorientait sa pâle existence, ses