poêle russe. Il était clair que trois personnes ne pouvaient vivre dans un tel logement.
Ils discutèrent les conditions. Mais leurs voix étaient entrecoupées, ils se comprenaient à peine. Ordinov, à deux pas d’elle, entendait battre son cœur. Elle était tremblante, et à son émotion se mêlait une sorte de terreur. Enfin l’accord se fit. Le jeune homme déclara qu’il emménageait aussitôt et revint au vieillard. Il se tenait encore près de la porte, debout et toujours très-pâle, mais un sourire calme, un sourire réfléchi s’était fait jour sur ses lèvres. En apercevant Ordinov, il fronça de nouveau le sourcil.
— As-tu un passe-port ? lui demanda-t-il brusquement, d’une voix haute et dure, tout en ouvrant la porte.
— Oui, répondit Ordinov un peu déconcerté.
— Qui es-tu ?
— Wassili Ordinov, noble, sans emploi. Je m’occupe de certains travaux, réplique Ordinov, sur le même ton que le vieillard.
— Et moi aussi ; je suis Ilia Mourine, mechtchamine[1]. C’est assez, va-t’en.
- ↑ Citadin, petit bourgeois.