Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/263

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cine (ou quelque chose d’analogue), une lettre très-ampoulée, d’un style haut en couleur, mais très-respectueuse, une déclaration. J’ai oublié les termes, mais je me souviens très-nettement qu’en dépit des fioritures de style on devinait dans cette lettre un sentiment véritable, ce quelque chose qu’on ne peut feindre. Quand j’eus fini cette lecture, je rencontrai le regard de Lisa, un regard ardent, curieux, impatient comme un regard d’enfant. Et comme je tardais à lui parler, elle me raconta en quelques mots, précipitamment, mais avec une sorte de fierté joyeuse, comment elle était un soir à un bal de famille, « chez des gens très-convenables, en famille, chez des gens qui ne savent encore rien, rien du tout, car ici elle est toute nouvelle… et c’est seulement… comme ça… et elle n’a pas du tout l’intention d’y rester, et elle s’en ira dès qu’elle se sera acquittée… Eh bien, à ce même bal se trouvait un étudiant, et ils avaient dansé et causé toute la soirée, et cet étudiant l’avait connue toute petite fille, à Riga, ― mais il y a bien longtemps ! ― et il avait aussi connu ses parents, mais de cela il ne sait rien, rien, rien, il ne s’en doute même pas. ― Et voilà ! le