Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/248

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travaille. Les enfants grandissent, et vous sentez que vous leur servez d’exemple, que vous êtes le soutien, et que, quand vous serez mort, ils garderont, toute leur vie, dans leur cœur, vos sentiments et vos pensées tels qu’ils les ont reçus de ; vous, qu’ils conserveront fidèlement votre image… Mais quel lourd devoir cela vous impose ! Comment alors pour le mieux porter ne pas s’unir plus étroitement ? On dit qu’il est pénible d’avoir des enfants. Eh ! qui dit cela ? C’est un bonheur divin. Aimes-tu les petits enfants, Lisa ? Moi, je les adore ! Tu sais, un petit enfant qui serait pendu à ton sein… Quel est le mari qui pourrait avoir une pensée d’amertume contre sa femme en la voyant assise avec son enfant dans les bras ? Un tout petit, rose, potelé, qui s’étale, se frotte, les petits pieds et les petites mains tout gonflés de lait, les ongles proprets, et petits, si petits que c’est risible à voir !… Et ses petits yeux si intelligents ! Dirait-on pas qu’il comprend déjà tout ? Regarde-le téter : il agite le sein, il joue avec… Mais le père s’approche, le baby lâche le sein, se renverse tout entier en arrière, regarde son père, et se met à rire, ― il y a bien de quoi, Dieu le sait ! ― Puis il reprend le