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― Pourquoi mauvais ?

― La neige… l’humidité… (Je bâille.)

― Qu’est-ce que ça fait ? dit-elle après un court silence.

― Eh bien ! c’est un mauvais temps… (Je bâille encore.) Les fossoyeurs sacraient, la neige les mouillait, et il y avait certainement de l’eau dans la fosse.

― Pourquoi de l’eau dans la fosse ? ― demanda-t-elle avec une certaine curiosité, mais d’une voix plus brusque et brutale qu’auparavant.

Je ne sais quelle irritation me prit.

― Il y a nécessairement de l’eau au fond de six verschoks [1]. Dans le cimetière de Volkovo, il n’y a pas une fosse qu’on puisse creuser à sec.

― Pourquoi ?

― Comment, pourquoi ? C’est un endroit humide, un vrai marais. Et l’on y met les morts dans l’eau. Je l’ai vu moi-même… plusieurs fois…

(Je ne l’avais pas vu une seule fois, je ne suis jamais allé à Volkovo ; j’en parlais par ouï-dire.)

― Est-ce que ça ne te fait rien de mourir ?

  1. Seize verschoks font un arschine. L’arschine est d’un mètre quatre dixièmes.