Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/225

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« À peine entré, je donne le soufflet… Faut-il dire d’abord quelques mots, en guise de préface ? Non. J’entre tout simplement et je donne le soufflet. Ils seront tous dans le salon, et lui sur le divan avec Olympia. Cette maudite Olympia ! Elle s’est une fois moquée de mon visage et m’a refusé… Je tirerai à Olympia les cheveux et à Zvierkov les oreilles… Ou plutôt, je le prendrai par une seule oreille et je le promènerai dans tout le salon. Peut-être se jetteront-ils tous sur moi, ils me battront ! ils me mettront à la porte, c’est sûr, et puis ? J’aurai tout de même donné le soufflet, j’aurai pris l’initiative, et il sera obligé de se battre ! et ces têtes de mouton seront pour la première fois en face d’une âme vraiment tragique, la mienne !… Fouette, cocher, fouette ! criai-je au vagnka qui tressaillit et donna un coup de fouet. ― Et où prendre le pistolet ? Baste ! je me ferai faire une avance sur mon traitement et j’achèterai le pistolet. La poudre et les balles, c’est l’affaire des témoins… Les témoins ? Où prendrai-je un témoin ? Je n’ai pas un seul ami. Folies ! le premier passant sera mon témoin… »