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jamais et en aucun cas vous ne pourrez m’offenser.

― En voilà assez ! dit Troudolioubov, allons !

― Olympia est à moi, messieurs, je vous en préviens ! cria Zvierkov.

― Nous te la laissons, lui répondit-on en riant.

Je restai, dévoré de honte. La bande sortit bruyamment. Troudolioubov se mit à chanter quelque sottise. Simonov resta un moment pour donner le pourboire au garçon.

― Simonov, donnez-moi six roubles, dis-je avec décision et désespoir.

Il me regarda avec un profond étonnement, avec des yeux, d’idiot. Il était ivre aussi.

― Allez-vous donc avec nous ?

― Oui.

― Je n’ai pas d’argent, dit-il brusquement.

Il sourit avec mépris et se dirigea vers la porte.

Je saisis son manteau. Il me semblait que j’étais en proie à un cauchemar.

― Simonov, j’ai vu de l’argent chez vous. Pourquoi me refusez-vous ? Suis-je donc un malhonnête homme ? Ne me refusez pas, prenez garde ! Si vous saviez, si vous saviez pourquoi je vous