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n’est-il pas avec nous pour fêter vos adieux ? dis-je tout à coup.

On fit silence.

― Vous êtes ivre, dit Troudolioubov.

Zvierkov me regardait sans rien dire. Je baissai les yeux. Simonov se hâta de verser le champagne.

Troudolioubov leva son verre ; tous firent comme lui, excepté moi.

― À ta santé et bon voyage ! cria-t-il à Zvierkov. Le bon vieux temps passé, messieurs, à notre avenir, hourra !

Tous burent, puis ils embrassèrent Zvierkov. Je ne bougeai pas, mon verre restait plein.

― Et vous ? vous ne buvez pas ? hurla Troudolioubov menaçant en s’adressant à moi.

― Je vais faire un discours d’abord, et ensuite je boirai, monsieur Troudolioubov.

― Quel méchant homme ! murmura Simonov.

Je me levai, pris mon verre fiévreusement, sans savoir encore ce que j’allais dire.

― Silence ! cria Ferfitchkine. Nous allons avoir un dessert de choses géniales.

Zvierkov attendait, très-grave ; il semblait comprendre ce qui allait se passer.