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commun à leur ami l’officier Zvierkov qui partait pour une destination lointaine.

Môssieur Zvierkov était encore un de mes camarades d’école. Je l’avais pris en haine dans les dernières années de nos études communes. C’était un joli garçon, arrogant et dominateur, que tout le monde aimait. Je détestais le timbre de sa voix haute et prétentieuse ; je détestais ses bons mots, ― très-mauvais ! je détestais son joli visage, très-joli et encore plus bête. (J’aurais pourtant volontiers changé mon intelligent visage contre le sien.) Nous nous étions perdus de vue. Il avait fait son chemin, tandis que moi…

Des deux hôtes de Simonov l’un était Ferfitchkine, un Allemand-Russe, petit de taille, avec un visage de singe, un sot moqueur, mon pire ennemi dès nos premières classes, vil, insolent, vaniteux, ambitieux, lâche. C’était un des fervents adorateurs de Zvierkov, à qui il empruntait de l’argent et rendait des courbettes. ― L’autre, Troudolioubov, était un militaire, haut de taille, l’extérieur froid, assez honnête, mais qui avait le culte de tous les succès, et qui ne pouvait parler que de promotions. Il était parent de Zvierkov. Il en