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et s’était mis à voyager, espérant peut-être trouver quelque distraction, quelque diversion à ses éternels ennuis, dans la variété des paysages. Mais au bout de deux mois il revint à Saint-Pétersbourg, las, énervé, toujours aussi triste. D’ailleurs, il n’avait à peu près plus d’argent. Il sollicita et obtint un emploi dans l’administration civile des provinces. Mais, bientôt, dégoûté de la grossièreté des moujiks avec lesquels ses fonctions le mettaient en rapport, il permuta pour un poste moins lucratif à Saint-Pétersbourg.

Il retourna chez Schpis, son ancien logeur. Il loua un appartement très-exigu et prit un domestique.

Un petit héritage sur lequel il ne comptait plus lui rendit l’indépendance. Et sa vie, dès lors, s’écoula morne et grise jusqu’à son dernier jour.

Il eut pourtant une aventure encore, une seconde velléité d’amour. Mais il ne pouvait plus aimer ! Et d’ailleurs quel triste amour la fatalité lui offrait !…

Il a lui-même écrit cette douloureuse histoire. Je connaissais son habitude de noter, pour lui seul, des pensées qu’ensuite il jetait dans un