promit de le soigner. Schpis fit constater à son locataire qu’il n’avait pas encore remis l’écriteau à sa porte : « mais il l’aurait remis dans la journée, car c’était ce jour-là même, en comptant à dater de la location, que les arrhes étaient consommés jusqu’au dernier kopeck ». Schpis saisit cette occasion de célébrer l’exactitude et l’honnêteté allemandes.
Ce même jour, Ordinov tomba malade. Il ne se releva que trois mois après.
Petit à petit, la santé lui revint. Il commença à sortir. Sa vie chez Schpis était uniforme, sans incidents. L’Allemand avait bon caractère ; la jolie Tinchen était tout ce qu’on peut rêver de mieux. Mais la vie, aux yeux d’Ordinov, avait perdu tout son charme. Il était devenu irritable, maladivement impressionnable. Peu à peu il tomba dans une très-sombre hypocondrie. Ses livres restaient fermés durant des semaines entières. Il ne songeait plus à l’avenir. Son argent s’épuisait, et il laissait aller les choses, sans soin du lendemain. Parfois sa fièvre du travail, son ardeur de jadis, tous les mirages du temps passé s’imposaient nettement à sa pensée : mais la pensée ne