Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Pourtant, cela ne se fait pas, mon ami : il a loué chez vous. Comprenez donc que votre refus l’offense, intervint Yaroslav Iliitch se considérant comme obligé de démontrer à Mourine toute l’indélicatesse de son procédé.

— Voyons, voyons, monsieur, barine ! En quoi donc, je vous le demande une fois de plus, en quoi donc avons-nous offensé votre honneur ? Nous avons pris tant de peine pour vous servir que nous sommes fatigués ! Allez, allez, monsieur, allez, barine, que le Christ vous pardonne ! Sommes-nous donc des infidèles, des maudits ? Mais vous auriez vécu chez nous, vous auriez (pour votre santé, par exemple) partagé notre nourriture de moujik, vous auriez habité sous notre toit, et nous n’aurions rien trouvé à blâmer en tout cela, rien… Nous n’aurions pas dit un seul mot ! Mais le diable vous a poussé, je suis tombé malade, voilà ma patronne malade aussi, que faire ? Il n’y aurait personne pour vous servir ! Et pourtant nous aurions tant voulu !… Mais aussi comme nous allons prier Dieu pour Votre Grâce, la patronne et moi, comme nous allons prier !

Mourine salua jusqu’à la ceinture.