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femme et moi, nous allons prier Dieu pour Votre Grâce !… Non, je ne puis dire combien ! Et quand vous l’aimeriez, monsieur, ce n’en serait pas moins une femme de moujik, une baba mal décrassée ! Et ce n’est pas votre affaire, mon petit père barine, une femme de moujik… et comme nous allons prier Dieu pour vous !… comme nous allons prier pour vous !…

Mourine salua très-bas, très-bas, et resta longtemps ainsi, n’en finissant plus d’essuyer sa barbe.

Yaroslav Iliitch ne savait où se mettre.

— Le brave homme ! – risqua-t-il pour dissimuler son trouble. – Comment avez-vous pu avoir un malentendu avec lui, Vassili Mikhaïlovitch !… Mais on m’a dit que vous avez encore été malade, ajouta-t-il les larmes aux yeux et en regardant Ordinov avec un embarras infini.

— Oui… Combien vous dois-je ? Demanda vivement Ordinov à Mourine.

— Voyez, barine, mon petit père, voyez ! Nous ne sommes pas les vendeurs du Christ ! Pourquoi tant vous offenser, monsieur ? N’en avez-vous pas honte ? En quoi vous avons-nous donc offensé, nous, moi et ma femme ? Voyons !