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Altesse, c’est bien aussi par amour que vous vouliez rester près d’elle…

Yaroslav Iliitch regarda Mourine : évidemment il désapprouvait ses incohérents discours.

Ordinov se contint à peine.

— Non, barine, je ne voulais pas dire cela : mais, barine, un simple moujik !… Car nous sommes des gens bien obscurs, nous, barine ; nous sommes vos serviteurs. (Mourine salua très-bas.) Et comme nous allons prier Dieu pour vous, ma femme et moi !… Que nous faut-il ? Du pain et de la santé. Mais dans le cas présent, barine, que faire ? Faut-il me pendre ? Jugez-en vous-même, barine, c’est une affaire très-simple. Que voulez-vous que nous devenions si elle prend un amant ? Le mot est un peu vif, barine, passez-le-moi : n’oubliez pas que c’est un moujik qui parle à un barine. Vous êtes jeune, Votre Altesse, vif, ardent ; elle aussi est jeune, monsieur, c’est une enfant naïve : en faut-il beaucoup pour un péché ? Songez donc que c’est une belle baba, forte, rouge, et moi, je suis un vieillard épileptique… Mais je saurai la calmer par des contes quand Votre Grâce sera partie ; oui, oui, je saurai la calmer. Et combien, ma