Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/137

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Je vous dis cela, parce qu’elle pourrait vous avoir raconté je ne sais quoi… Moi, je la laisse dire tout ce qu’elle veut. Elle a été examinée par le conseil chi-rur-gi-cal à Moscou… Pour tout dire, barine, la tête n’y est plus… Je lui donne l’hospitalité. Nous vivons, nous prions Dieu, nous espérons en la bonté suprême. Je tâche de ne la contredire en rien.

Le visage d’Ordinov s’altérait. Yaroslav Iliitch regardait tantôt l’un, tantôt l’autre avec inquiétude.

— Mais ce n’est pas encore là, barine, ce que je voulais vous dire, reprit Mourine en hochant la tête. – Cette fille-là, c’est un vrai coup de vent, une perpétuelle tempête. Quelle tête aimante, ardente ! Il lui faut toujours un bon ami, si j’ose ainsi dire, un amoureux. C’est ce qui l’a rendue folle. Je l’ai un peu calmée en lui racontant des histoires, c’est-à-dire… Ah ! Oui, je l’ai bien calmée ! Eh bien, barine, j’ai parfaitement vu – excusez la naïveté de mon langage, continua Mourine en s’inclinant très-bas et en essuyant sa barbe avec sa manche, – j’ai parfaitement vu qu’elle était amoureuse de vous. Et vous, je veux dire Votre