Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieillard, mais ses jambes se dérobèrent, et il s’affaissa sur le lit.


V


Longtemps après qu’il se fut éveillé, Ordinov ne put se rendre compte de l’heure. Était-ce le crépuscule du matin ou celui du soir ? Combien de temps avait duré son sommeil ? En tout cas, il sentait que ce sommeil avait été morbide. Il passa la main sur son visage comme pour écarter les fantômes de la nuit. Mais quand il voulut se lever, ses membres brisés lui refusèrent leur service. La tête lui tournait, il frissonnait. En même temps que la conscience, la mémoire lui revenait, et il tressaillit en revivant en un seul éclair de souvenir toute la nuit précédente. Ses sensations étaient si vivantes qu’il ne pouvait se croire séparé de cette nuit par de longues heures : n’était-ce pas à l’instant même ? Catherine ne venait-elle pas de le quitter ? Ses yeux étaient mouillés de larmes :