ne sais pas ton chagrin, mais je vois que mon âme a perdu son repos… Oublie-le, ton chagrin ! Et dis-moi ce que tu voudras, ordonne, je t’obéirai ! Mais viens avec moi ! Ne me laisse pas mourir !
Catherine le regardait sans bouger. Elle voulut l’interrompre, prit sa main, mais les paroles lui manquèrent. Un singulier sourire apparut lentement sur ses lèvres, et l’on eût dit que le rire voulait percer sous ce sourire.
— Je ne t’ai pas tout dit, reprit-elle enfin, d’une voix exaltée, j’ai bien des choses encore à te conter. Mais voudras-tu les entendre, voudras-tu les entendre, cœur ardent ? Écoute ta sœur, tu n’as sans doute pas encore compris tout son malheur. Je pourrais te dire comment j’ai vécu avec lui tout un an, mais je ne te le dirai pas… et quand l’année fut écoulée, il descendit avec ses amis vers le fleuve, et je restai seule, à l’attendre, chez celle qu’il appelait sa mère. Je l’attendis un mois, deux mois. Puis, un jour, je rencontre dans le faubourg un jeune marchand. Je le regarde, et le souvenir de mes années jolies, de mes premières années, me revient.
— Lioubouchska, sœur, me dit-il après avoir