ma perte ! Mon plus grand chagrin, celui qui me rend l’âme amère, c’est que je suis l’esclave enchantée de ma honte, c’est que j’aime mon opprobre, c’est que je me complais comme en un bonheur au souvenir de mon déshonneur ! Voilà ma misère ! Mon cœur est sans force et sans colère contre mon péché…
La respiration lui manqua, un sanglot hystérique lui serra la gorge, un souffle saccadé desséchait ses lèvres, sa poitrine se soulevait et s’abaissait profondément, une indignation étrange enflammait son regard. Mais en ce même moment tant de charme était répandu sur son visage, chaque ligne de ses traits vibrait d’une telle beauté, tant de passion y éclatait que les pensées noires d’Ordinov se dissipèrent et qu’il ne se sentit plus qu’un désir : presser son cœur contre le cœur de la jeune fille, et laisser son cœur tout oublier près de ce cœur et battre du même rhythme orageux. Leurs regards se rencontrèrent, elle sourit et il se sentit pris entre un double courant de feu…
— Pitié ! Grâce ! – soupira-t-il. Sa voix tremblait, il était si près d’elle que leurs souffles se confondaient. – À ton tour tu m’as ensorcelé. Je