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{tiret2|beau|coup}} pour ce document, encore qu’il n’ait pas une importance juridique décisive. Alexis Nicanorovitch Andronikov, qui s’occupait des affaires de Versilov, conservait cette lettre par devers lui. Peu de temps avant sa mort qu ’il pressentait peut-être, il me confia cette lettre. Lui mort, que devais-je en faire ? J’étais dans une indécision pénible. Maria Ivanovna, à qui Andronikov a dû faire bien des confidences, me tira d’embarras : alléguant la volonté du défunt, elle m’écrivit, il y a trois semaines pour me charger de vous remettre la lettre d ’Andronikov.

— Ecoutez, dis-je fort ému, que vais-je faire mainte­nant de cette lettre ? Comment dois-je agir ?

— Cela dépend de vous.

— Mais je n’ai pas mon libre arbitre dans une dif­ficulté de cette sorte. Versilov a escompté cet héri­tage. Le gain du procès a pour lui une importance capitale. Voilà que, tout à coup, il existe un docu­ment qui peut remettre tout en question !

— Il existe, strictement, ici, dans cette chambre.

— Est-ce que… ? dis-je, le regardant attentivement.

— Si vous ne savez pas comment il faut que vous agissiez, pourquoi voulez-vous que je le sache, moi qui suis étranger à cette affaire ?

— Je ne puis pourtant livrer ce document aux prin­ces Sokolski : ce serait trahir Versilov. D’autre part, si je le remets à Versilov, je ruine des gens, au mé­pris du droit, et, en tout état de cause, je mets Versilov dans cette alternative terrible : ou consommer sa propre perte ou devenir un voleur.

— Vous exagérez l ’importance de l ’affaire.

— Dites-moi une seule chose : ce document est-il péremptoire ?

— Non. Sans doute, l’avocat de la partie adverse en