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samment je le regardai, et j’allais y déposer un bai­ser, lorsqu’une voiture de remise s’arrêta tout près de moi ; une porte cochère s’ouvrit, d’où sortit une jeune femme qui, balayant le trottoir des deux mè­tres de soie de sa queue, se dirigea vers la voiture. Tandis qu’elle s’y installait ; elle laissa tomber par terre un élégant portefeuille. Le valet se baissait déjà ; mais, plus preste, je le prévins, et je tendis l’objet à la dame en me découvrant. (Mon chapeau était de haute forme, et je n’étais pas trop mal habillé.) La dame me dit, épanouie en un sourire : « Merci, m’sieu. » La voiture s’ébranlait. Je baisai le billet de dix roubles.

III

Ce même jour, je devais voir Efime Zvèriev, un de mes anciens camarades de lycée, qui maintenant suivait, à Pétersbourg, les cours d’une école spé­ciale. Je n’avais pas grande considération pour lui ; mais nous nous rencontrions parfois, et il était entendu qu’il me communiquerait l’adresse d’un certain Kraft, dès que celui-ci reviendrait de Vilno : un entretien avec ce Kraft m’était absolu­ment nécessaire.

Je trouvai Zvèriev (il avait dix-neuf ans, comme moi) juché sur des échasses, en train d’arpenter la cour de la maison de sa tante, chiez qui il demeurait provi­soirement. Il m’apprit que Kraft était arrivé la veille, occupait son appartement d’autrefois, à deux pas, et désirait me voir le plus tôt possible, ayant une com­munication à me faire.