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Et subitement il s’arrêta : peut-être était-il gêné de me présenter... de présenter, en somme, le frère à la sœur. Le « coussin » me salua aussi. Mais moi, subitement, sous une bouffée de vanité absurde, je me levai :

— Excusez, prince, je ne suis pas Arcade Andréiévitch, mais Arcade Macarovitch, articulai-je, ou­bliant, d’ailleurs, de répondre au salut des visiteuses.

Mais... tiens ! exclamait le prince en se frappant le front.

— Où avez-vous fait vos études ?

C’était le coussin qui parlait, en se rapprochant de moi.

— A Moscou, au lycée.

— Ah! oui, j’ai entendu parler du lycée de Moscou. Et fait-on de bonnes études, là-bas?

— Très bonnes.

J’étais debout et parlais comme un soldat sous les armes. Les questions que me posait la sollicitude de cette demoiselle n ’étaient pas fort ingénieuses, — d’accord, mais, du moins, c’était une diversion qui atténuait mon incartade et donnait au prince, en con­versation avec Mlle Versilov, le temps de se ressaisir.

— Comment ! c’est aujourd’hui ? exclama-t-il.

— Ne le saviez-vous pas ? s’étonnait Mlle Versilov. Olympe, le prince ne savait pas que Catherine Nicolaïevna arrivait aujourd’hui ! Mais oui, croyant qu’elle était arrivée depuis plusieurs heures, nous étions ve­nues faire une visite à votre fille ; nous l’avons ren­contrée sous le péristyle, en costume de voyage : elle venait directement de la gare ; elle nous a engagées à passer chez vous, où elle viendra nous prendre dans un instant... Mais la voilà!

Une porte s’ouvrit et — cette femme apparut.