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revînmes sur nos pas... Un hôtel, une chambre, des victuailles, du champagne. Entre une femme... Je me rappelle que je fus frappé de sa somptueuse toilette, de sa robe de soie verte. C’est là que j’ai vu ce que je vous ai dit... Puis, tandis que nous recommencions à boire, il l’agaçait et l’injuriait. Elle était assise, peu vêtue. Il s’empara dérisoirement de la robe, et comme la femme, qui voulait enfin s’habiller, la réclamait plus impérieusement, il empoigna son fouet et, à tour de bras, cingla lés épaules hnes. Je me levai, l’attra­pai aux cheveux, d’un coup le jetai à terre. Il ramassa une fourchette et me la planta dans la cuisse. Aux cris sont accourus des gens. Je me suis enfui. De­ puis, le nu me soulève le cœur. Croyez-moi, elle était belle...

A mesure que je parlais, le visage du prince chan­geait d’expression : tout à l’heure frivole ; triste main­tenant.

Mon pauvre enfant! j’avais bien pensé que ton enfance avait souvent été douloureuse...

— Ne prenez pas ces choses si à cœur, je vous en prie.

— Tu étais si seul... Et ce Lambert... Et comme tu as raconté tout cela... Ah ! mon cher, aujourd’hui cette question des enfants est tout à fait terrible. Ces petits êtres voltigent devant vous comme des oi­seaux merveilleux et vous regardent avec leurs yeux purs... Et souvent il vaudrait mieux qu’ils ne fus­sent pas nés.

— Prince, vous êtes trop sensible. Songez que vous ne risquez pas d’avoir des enfants...

Tiens — et le visage du prince changeait d’expression, — avant-hier, Alexandra Pétrovna Sinitzki, eh! eh! eh!... il me semble bien que tu l’as