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V

Mais en voilà assez sur ces choses clandestines. Versilov racheta ma mère et partit bientôt avec elle. Dès lors, comme je l’ai écrit déjà, il la traîna derrière lui partout, — sauf quand il s’absentait pour long­ temps : alors, d’ordinaire, il la confiait aux soins de Tatiana Pavlovna Proutkov, qui toujours, dans ces occasions, surgissait de quelque part. Ils habitaient Moscou, ils habitaient çà et là à l’étranger, ils habitaient Pétersbourg. S’il y a lieu, je parlerai plus tard de tout cela... Un an et demi après le mariage avec Macaire Ivanovitch, je vins au monde. L’année sui­vante me naquit une sœur, et, onze ans plus tard, un frère, qui mourut au bout de quelques mois. Cette fois, les couches avaient été difficiles : ma mère y perdit sa beauté, du moins me l’a-t-on dit, et commença à décliner.

Jamais les relations avec Macaire Ivanovitch ne furent interrompues. Où que fussent les Versilov, Macaire Ivanovitch ne manquait pas de donner de ses nouvelles à « la famille ». Il semble que de si anormales relations dussent avoir quelque chose d’un peu ridicule. Point. Deux fois par an, ni plus ni moins, on recevait une lettre. Ces lettres, je les ai lues. Elles se ressemblaient extraordinairement. Là, presque rien qui eût un caractère personnel ; mais des phrases cérémonieuses sur les événements les plus ordinaires et les sentiments les plus géné­raux : tout d’abord l’expéditeur fournissait des in-