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chef de la prison ; il avait sous ses ordres quatre officiers subalternes qui étaient de garde à leur tour. Les invalides furent renvoyés et remplacés par douze sous-officiers et un surveillant d’arsenal. On divisa les sections de détenus en dizaines, et l’on choisit des caporaux parmi eux ; ils n’avaient, bien entendu, qu’un pouvoir nominal sur leurs camarades. Comme de juste, Akim Akimytch fut du nombre. Ce nouvel établissement fut confié au commandant, qui resta chef de la prison. Les changements n’allèrent pas plus loin. Tout d’abord les forçats s’agitèrent beaucoup ; ils discutaient, cherchaient à pénétrer leurs nouveaux chefs ; mais quand ils virent qu’au fond tout était comme auparavant, ils se tranquillisèrent, et notre vie reprit son cours ordinaire. Nous étions au moins délivrés du major ; tout le monde respira et reprit courage. L’épouvante avait disparu ; chacun de nous savait qu’en cas de besoin, il avait droit de se plaindre à son chef, et qu’on ne pouvait plus le punir s’il avait raison, sauf les cas d’erreur. On continua à apporter de l’eau-de-vie comme auparavant, bien qu’au lieu d’invalides nous eussions maintenant des sous-officiers. C’étaient tous des gens honnêtes et avisés, qui comprenaient leur situation. Il y en eut bien qui voulurent faire les fanfarons et nous traiter comme des soldats, mais ils entrèrent bientôt dans le courant général. Ceux qui mirent par trop de temps à comprendre les habitudes de notre prison furent instruits par nos forçats eux-mêmes. Il y eut quelques histoires assez vives. On tentait un sous-officier avec de l’eau-de-vie, on l’enivrait, puis, quand il était dégrisé, on lui expliquait, de façon qu’il comprit bien, que comme il avait bu avec les détenus, par conséquent… Les sous-officiers finirent par fermer les yeux sur le commerce de l’eau-de-vie. Ils allaient au marché comme les invalides et apportaient aux détenus du pain blanc, de la viande, enfin tout ce qui pouvait être introduit sans risque ; aussi ne puis-je pas comprendre pourquoi tout avait été changé et pourquoi la maison de force