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AVERTISSEMENT.

Enfin, ce n’est pas d’eux qu’il s’agit, mais de ce forçat sibérien, de ce petit apôtre laïque au corps ravagé, à l’âme endolorie, toujours agité entre d’atroces visions et de doux rêves. Je crois le voir encore dans ses accès de zèle patriotique, déblatérant contre l’abomination de l’Occident et la corruption française. Comme la plupart des écrivains étrangers, il nous jugeait sur les grimaces littéraires que nous leur montrons quelquefois. On l’eût bien étonné, si on lui eût prédit qu’il irait un matin dans Paris pour y réciter son étrange martyrologe ! — Allez et ne craignez rien, Féodor Michaïlovitch. Quelque mal qu’on ait pu vous dire de notre ville, vous verrez comme on s’y fait entendre en lui parlant simplement, avec la vérité qu’on tire de son cœur.

Vicomte E. M. de Vogüé.