ma protection. C’était, je vous l’ai dit, un garçon plein d’amour-propre, et pourtant il m’obéit bientôt comme un esclave et se soumit sans réplique au moindre ordre que je lui donnai, et il me vénéra comme un Dieu. Pendant la récréation il venait bien vite me trouver, et nous nous promenions ensemble. De même le dimanche. On se moque dans notre lycée de voir un aîné se lier si intimement avec un plus jeune, mais ce n’est là qu’un préjugé. Cela me plait, cela suffit. Je l’instruis, je développe son intelligence. Pourquoi ne pas le faire si cela me convient ? Vous, par exemple, Chestomazov, vous vous êtes lié avec ces enfants ; c’est pour les développer et leur être utile. Je vous avouerai même que c’est ce trait de votre caractère qui en vous m’a le plus intéressé. Pour en revenir au fait, j’ai vu qu’il y avait chez cet enfant beaucoup
Page:Dostoïevski - Les Précoces.djvu/76
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
PRÉCOCES