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PRÉCOCES

qui est là-bas… Imagine-toi qu’on dit que rien n’est plus bête qu’un Français bête. La physionomie russe en dit pourtant assez. N’est-il pas écrit sur le nez de ce moujik qu’il est un imbécile ?

— Laisse-le, Kolia, et passons notre chemin.

— Pour rien au monde je ne le laisserais. Je suis parti, vois-tu, maintenant.

— Eh ! bonjour, moujik !

Un fort moujik marchait lentement, et l’on voyait facilement qu’il avait déjà bu un coup. Son visage était rond et simple, sa barbe grisonnante.

Il leva la tête et regarda le gamin :

— Eh bien ! bonjour, si ce n’est pas pour te moquer, répondit-il sans se presser.

— Et si c’est pour plaisanter ? fit Kolia en riant.

— Si tu plaisantes, eh bien ! c’est