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PRÉCOCES

un petit canon. Tu te souviens que je t’en ai parlé jadis, tu me disais même que tu voudrais le voir. Eh bien ! je te l’apporte.

Et Kolia, toujours affairé, tira de son sac le petit canon de cuivre. Il se dépêchait, tant il était heureux lui-même.

Un autre jour, il aurait attendu que Pérezvon eût obtenu tout son effet, mais ce jour-là il ne gardait aucune réserve. « Puisqu’on est si heureux, voilà encore du bonheur, pensait-il. » Et son âme s’emplissait de joie.

— Il y a déjà longtemps que je le guignais chez le fonctionnaire Morozov, et c’était pour toi, mon vieux, pour toi. Ce canon ne faisait rien chez lui. Il le tenait de son frère, et je l’ai échangé pour un livre de la bibliothèque de mon père, c’est : le Parent de Mahomet ou la bêtise comme remède. Ce livre date de cent ans, et il est bien curieux. On