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PRÉCOCES

marcher, car il faudrait ménager notre petit cheval.

La pensée qu’il aurait un cheval et le monterait lui-même le réjouit beaucoup. Un gamin russe, l’on sait, naît à cheval. Nous bavardions donc ainsi longuement et je louais Dieu de l’avoir distrait et consolé.

Cela se passait avant-hier au soir. Hier, c’était déjà tout autre chose. Il était retourné le matin à son école et en était revenu morne, tout morne. Le soir, je le pris par la main et l’emmenai promener avec moi. Il gardait le silence et ne me disait pas un mot. Le vent commençait à souffler. Le soleil s’était couvert de nuages. La fraîcheur de l’automne se faisait déjà sentir. La nuit tombait. Nous marchions ainsi tous les deux tristement.

— Eh bien, petit, lui dis-je, comment ferons-nous nos préparatifs de voyage ?