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Le premier mouvement de Pierre Stépanovitch fut de retourner à la « séance » pour y rétablir l’ordre, mais, jugeant que cela n’en valait pas la peine, il planta là tout, et, deux minutes après, il volait sur les traces de ceux qui venaient de partir. En chemin il se rappela un péréoulok qui abrégeait de beaucoup sa route ; enfonçant dans la boue jusqu’aux genoux, il prit cette petite rue et arriva à la maison Philippoff au moment même où Stavroguine et Kiriloff pénétraient sous la grand’porte.

— Vous êtes déjà ici ? observa l’ingénieur ; — c’est bien. Entrez.

— Comment donc disiez-vous que vous viviez seul ? demanda Stavroguine qui, en passant dans le vestibule, avait remarqué un samovar en train de bouillir.

— Vous verrez tout à l’heure avec qui je vis, murmura Kiriloff, - — entrez.

— Dès qu’ils furent dans la chambre, Verkhovensky tira de sa poche la lettre anonyme qu’il avait emportée tantôt de chez Lembke, et la mit sous les yeux de Stavroguine. Tous trois s’assirent. Nicolas Vsévolodovitch lut silencieusement la lettre.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— Ce que ce gredin écrit, il le fera, expliqua Pierre Stépanovitch. — Puisqu’il est dans votre dépendance, apprenez-lui comment il doit se comporter. Je vous assure que demain peut-être il ira chez Lembke.