dont j’ai fait la connaissance il y a cinq ans, au temps de mes folies pétersbourgeoises. Écrivez-moi à l’adresse de mon hôte, vous la trouverez ci-jointe.
« Nicolas Stavroguine. »
Daria Pavlovna alla aussitôt montrer cette lettre à Barbara Pétrovna. La générale en prit connaissance et, voulant être seule pour la relire, pria Dacha de se retirer, mais un instant après elle rappela la jeune fille.
— Tu pars ? demanda-t-elle presque timidement.
— Oui.
— Va tout préparer pour le voyage, nous partons ensemble !
Dacha regarda avec étonnement sa bienfaitrice.
— Mais que ferais-je ici maintenant ? N’est-ce pas la même chose ? Je vais aussi élire domicile dans le canton d’Uri et habiter au milieu de ces montagnes… Sois tranquille, je ne serai pas gênante.
On se mit à hâter les préparatifs de départ afin d’être prêts pour le train de midi. Mais une demi-heure ne s’était pas encore écoulée, quand parut Alexis Egoritch. Le domestique venait de Skvorechniki, où, dit-il, Nicolas Vsévolodovitch était arrivé « brusquement » par un train du matin ; le barine avait un air qui ne donnait pas envie de l’interroger, il avait tout de suite passé dans son appartement, où il s’était enfermé.
— Quoiqu’il ne m’en ait pas donné l’ordre, j’ai cru devoir vous informer de la chose, ajouta Alexis Egoritch, dont le visage était très sérieux.
Sa maîtresse s’abstint de le questionner et se contenta de fixer sur lui un regard pénétrant. En un clin d’œil la voiture fut attelée. Barbara Pétrovna partit avec Dacha. Pendant la route, elle fit souvent, dit-on, le signe de la croix.
On eut beau chercher Nicolas Vsévolodovitch dans toutes les pièces de son appartement, on ne le trouva nulle part.
— Est-ce qu’il ne serait pas dans la mezzanine ? observa avec réserve Fomouchka.