Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/4

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chapitre VI. Pierre Stepanovitch se remue.

I

Le jour de la fête avait été définitivement fixé, mais Von Lembke allait s’assombrissant de plus en plus. Il était rempli de pressentiments étranges et sinistres, ce qui inquiétait fort Julie Mikhaïlovna. À la vérité, tout ne marchait pas le mieux du monde. Notre ancien gouverneur, l’aimable Ivan Osipovitch, avait laissé l’administration dans un assez grand désordre ; en ce moment on redoutait le choléra ; la peste bovine faisait de grands ravages dans certaines localités ; pendant tout l’été les villes et les villages avaient été désolés par une foule d’incendies où le peuple s’obstinait à voir la main d’une bande noire ; le brigandage avait pris des proportions vraiment anormales. Mais tout cela, bien entendu, était trop ordinaire pour troubler la sérénité d’André Antonovitch, s’il n’avait eu d’autres et plus sérieux sujets de préoccupation.