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Chapitre VII. Le Dernier Voyage de Stepan Trophimovitch.

I

Je suis convaincu que Stépan Trophimovitch eut grand’peur en voyant arriver le moment qu’il avait fixé pour l’exécution de sa folle entreprise. Je suis sûr qu’il fut malade de frayeur, surtout dans la nuit qui précéda sa fuite. Nastenka a raconté depuis qu’il s’était couché tard et qu’il avait dormi. Mais cela ne prouve rien ; les condamnés à mort dorment, dit-on, d’un sommeil très profond la veille même de leur supplice. Quoiqu’il fît déjà clair quand il partit et que le grand jour remonte un peu le moral des gens nerveux (témoin le major, parent de Virguinsky, dont la religion s’évanouissait aux premiers rayons de l’aurore), je suis néanmoins persuadé que jamais auparavant il n’aurait pu se représenter sans épouvante la situation qui était maintenant la sienne. Sans doute, surexcité comme il l’était, il est probable qu’il ne sentit pas dès l’abord toute l’horreur de l’isolement auquel il se condamnait en quittant Stasie et la maison où il avait vécu au chaud durant vingt ans. Mais n’importe, lors même qu’il aurait eu la plus nette conscience de toutes les terreurs qui l’attendaient, il n’en aurait pas moins persisté dans sa résolution. Elle avait quelque chose de fier qui,