tonnant. Sans prendre le temps de s’éclairer, il remonta en toute hâte. Quand il fut de nouveau près de l’armoire, à la place même où il avait frappé Kiriloff avec son revolver pour lui faire lâcher prise, alors seulement il se rappela son doigt mordu, et au même instant il y sentit une douleur presque intolérable. Serrant les dents, il ralluma tant bien que mal le bout de bougie, le remit dans le chandelier et promena ses regards autour de lui : près du vasistas ouvert, les pieds tournés vers le coin droit de la chambre, gisait le cadavre de Kiriloff. L’ingénieur s’était tiré un coup de revolver dans la tempe droite, la balle avait traversé le crâne, et elle était sortie au-dessus de la tempe gauche. Ça et là on voyait des éclaboussures de sang et de cervelle. L’arme était restée dans la main du suicidé. La mort avait dû être instantanée. Quand il eût tout examiné avec le plus grand soin, Pierre Stépanovitch sortit sur la pointe des pieds, ferma la porte et, de retour dans la première pièce, déposa la bougie sur la table. Après réflexion, il se dit qu’elle ne pouvait causer d’incendie, et il se décida à ne pas la souffler. Une dernière fois il jeta les yeux sur la déclaration du défunt, et un sourire machinal lui vient aux lèvres. Ensuite, marchant toujours sur la pointe des pieds, il quitta l’appartement et se glissa hors de la maison par l’issue dérobée.
III
À six heures moins dix, Pierre Stépanovitch et Erkel se promenaient sur le quai de la gare bordé en ce moment par une assez longue suite de wagons. Verkhovensky allait partir, et Erkel était venu lui dire adieu. Le voyageur avait fait enregistrer ses bagages et choisi son coin dans un compartiment de seconde classe où il avait déposé son sac. La sonnette avait déjà retenti une fois, on attendait le second