du genre humain. Il faut toujours qu’ils fassent des phrases. Allons, allons, c’est bien, seulement, messieurs, il est temps que je m’en aille, dit madame Virguinsky quand elle eut fini tous ses arrangements. — Je viendrai encore dans la matinée, et, si besoin est, je passerai ce soir, mais maintenant, comme tout est terminé à souhait, je dois courir chez d’autres qui m’attendent depuis longtemps. Vous avez une vieille qui demeure dans votre maison, Chatoff ; autant elle qu’une autre, mais ne quittez pas pour cela votre femme, cher mari ; restez près d’elle, vous pourrez peut-être vous rendre utile ; je crois que Marie Ignatievna ne vous chassera pas… allons, allons, je ris…
Chatoff reconduisit Arina Prokhorovna jusqu’à la grand’porte. Avant de sortir, elle lui dit :
— Vous m’avez amusée pour toute ma vie, je ne vous demanderai pas d’argent ; je rirai encore en rêve. Je n’ai jamais rien vu de plus drôle que vous cette nuit.
Elle s’en alla très contente. La manière d’être et le langage de Chatoff lui avaient prouvé clair comme le jour qu’une pareille « lavette », un homme chez qui la bosse de la paternité était si développée, ne pouvait pas être un dénonciateur. Quoiqu’elle eût une cliente à visiter dans le voisinage de la rue de l’Épiphanie, Arina Prokhorovna retourna directement chez elle, pressée qu’elle était de faire part de ses impressions à son mari.
— Marie, elle t’a ordonné de dormir pendant un certain temps, bien que ce soit fort difficile, je le vois… commença timidement Chatoff. — Je vais me mettre là près de la fenêtre et je veillerai sur toi, n’est-ce pas ?
Il s’assit près de la fenêtre, derrière le divan, de sorte qu’elle ne pouvait pas le voir. Mais moins d’une minute après elle l’appela et, d’un ton dédaigneux, le pria d’arranger l’oreiller. Il obéit. Elle regardait le mur avec colère.
— Pas ainsi, oh ! pas ainsi… Quel maladroit !
Chatoff se remit à l’œuvre.
La malade eut une fantaisie étrange :