éliatnikoff, assurent que nous y trouverons tout ce que nous désirons. Personne ne s’intéresse à M. Verkhovensky. La générale Stavroguine lui a ouvertement retiré sa protection, et tous les honnêtes gens, si tant est qu’il en existe dans cette ville de brutes, sont convaincus que là s’est toujours cachée la source de l’incrédulité et du socialisme. Il a chez lui tous les livres défendus, les _Pensées_ de Ryléieff[18], les œuvres complètes de Hertzen… À tout hasard j’ai un catalogue approximatif…
— Ô mon Dieu, ces livres sont dans toutes les bibliothèques ; que tu es simple, mon pauvre Blum !
— Et beaucoup de proclamations, continua l’employé sans écouter son supérieur. — Nous finirons par découvrir infailliblement l’origine des écrits séditieux qui circulent maintenant ici. Le jeune Verkhovensky me paraît très sujet à caution.
— Mais tu confonds le père avec le fils. Ils ne s’entendent pas ; le fils se moque du père au vu et au su de tout le monde.
— Ce n’est qu’une frime.
— Blum, tu as juré de me tourmenter ! songes-y, c’est un personnage en vue ici. Il a été professeur, il est connu, il criera, les plaisanteries pleuvront sur nous, et nous manquerons tout… pense un peu aussi à l’effet que cela produira sur Julie Mikhaïlovna !
Blum ne voulut rien entendre.
— Il n’a été que _docent, _rien que _docent, _et il a quitté le service sans autre titre que celui d’assesseur de collège, répliqua-t-il en se frappant la poitrine, — il ne possède aucune distinction honorifique, on l’a relevé de ses fonctions parce qu’on le soupçonnait de nourrir des desseins hostiles au gouvernement. Il a été sous la surveillance de la police, et il est plus que probable qu’il y est encore. En présence des désordres qui se produisent aujourd’hui, vous avez incontestablement le