— Tu en conviens, Marie, tu en conviens ! s’écria Chatoff.
Elle allait faire de la tête un signe négatif quand soudain une nouvelle crampe la saisit. Cette fois encore elle cacha son visage dans l’oreiller et pendant toute une minute serra, presque à la briser, la main de son mari qui, fou de terreur, s’était élancé vers elle.
— Marie, Marie ! Mais ce que tu as est peut-être très grave, Marie !
— Taisez-vous… Je ne veux pas, je ne veux pas, répliqua-t-elle violemment, en reprenant sa position primitive ; — ne vous permettez pas de me regarder avec cet air de compassion ! Promenez- vous dans la chambre, dites quelque chose, parlez…
Chatoff qui avait à peu près perdu la tête, commença à marmotter je ne sais quoi.
Sa femme l’interrompit avec impatience :
— Quelle est votre occupation ici ?
— Je tiens les livres chez un marchand. Si je voulais, Marie, je pourrais gagner ici pas mal d’argent.
— Tant mieux pour vous…
— Ah ! ne va rien t’imaginer, Marie, j’ai dit cela comme j’aurai dit autre chose…
— Et qu’est-ce que vous faites encore ? Que prêchez-vous ? Car il est impossible que vous ne prêchiez pas, c’est dans votre caractère.
— Je prêche Dieu, Marie.
— Sans y croire vous-même. Je n’ai jamais pu comprendre cette idée.
— Pour le moment laissons cela, Marie.
— Qu’était-ce que cette Marie Timoféievna qu’on a tuée ?
— Nous parlerons aussi de cela plus tard, Marie.
— Ne vous avisez pas de me faire de pareilles observations ! Est- ce vrai qu’on peut attribuer sa mort à la scélératesse de… de ces gens-là ?
— Certainement, répondit Chatoff avec un grincement d