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e suis fort heureux que vous soyez redevenu gai. Allons la trouver. Je mettrai tout d’abord Maurice sur le tapis. Quant à ceux… qui ont été tués… peut- être vaut-il mieux ne pas lui en parler maintenant ? Elle apprendra toujours cela assez tôt.

— Qu’est-ce qu’elle apprendra ? Qui a été tué ? Qu’avez-vous dit de Maurice Nikolaïévitch ? demanda Lisa ouvrant tout à coup la porte.

— Ah ! vous étiez aux écoutes ?

— Que venez-vous de dire au sujet de Maurice Nikolaïévitch ? Il est tué ?

— Ah ! cette question prouve que vous n’avez pas bien entendu ! Tranquillisez-vous, Maurice Nikolaïévitch est vivant et en parfaite santé, ce dont vous allez pouvoir vous assurer à l’instant même, car il est ici, près de la grille du jardin… et je crois qu’il a passé là toute la nuit ; son manteau est tout trempé… Quand je suis arrivé, il m’a vu.

— Ce n’est pas vrai. Vous avez prononcé le mot « tué »… Qui est tué ? insista la jeune fille en proie à une douloureuse angoisse.

— Il n’y a de tué que ma femme, son frère Lébiadkine et leur servante, déclara d’un ton ferme Stavroguine.

Lisa frissonna et devint affreusement pâle.

— C’est un étrange cas de férocité, Élisabeth Nikolaïevna, un stupide cas de meurtre ayant eu le vol pour mobile, se hâta d’expliquer Pierre Stépanovitch, — un malfaiteur a profité de l’incendie, voilà tout ! Le coupable est le galérien Fedka, et il a été aidé par la sottise de Lébiadkine, lequel avait eu le tort de montrer son argent à tout le monde… Je me suis empressé d’apporter cette nouvelle à Stavroguine, et elle a produit sur lui l’effet d’un coup de foudre. Nous étions en train de nous demander s’il fallait vous apprendre cela tout de suite, ou s’il ne valait pas mieux remettre cette communication à plus tard.

— Nicolas Vsévolodovitch, dit-il la vérité ? articula péniblement Lisa.

— Non, il ne dit pas la v