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d’être éprouvée par un sinistre. On a bientôt fait de mettre en circulation le bruit le plus idiot. Au fond, du reste, vous n’avez absolument rien à craindre. Vis-à-vis de la loi vous êtes complètement innocent, vis-à-vis de la conscience aussi, — vous ne vouliez pas cela, n’est-ce pas ? Vous ne le vouliez pas ? Il n’y a pas de preuves, il n’y a qu’une coïncidence… À moins que Fedka ne se rappelle les paroles imprudentes prononcées par vous l’autre jour chez Kiriloff (quel besoin aviez-vous de parler ainsi ?), mais cela ne prouve rien du tout, et, d’ailleurs, nous ferons taire Fedka. Je me charge de lui couper la langue aujourd’hui même…

— Les cadavres n’ont pas été brûlés ?

— Pas le moins du monde ; cette canaille n’a rien su faire convenablement. Mais du moins je me réjouis de vous voir si tranquille… car, bien que ce ne soit nullement votre faute et que vous n’ayez pas même une pensée à vous reprocher, n’importe… Avouez pourtant que tout cela arrange admirablement vos affaires : vous êtes, du coup, libre, veuf, en mesure d’épouser, quand vous voudrez, une belle et riche demoiselle, qui, par surcroît de veine, se trouve déjà dans vos mains. Voilà ce que peut faire un pur hasard, un concours fortuit de circonstances, — hein ?

— Vous me menacez, imbécile ?

— Allons, c’est cela, traitez-moi tout de suite d’imbécile, et quel ton ! Vous devriez être enchanté, et vous… Je suis accouru tout exprès pour vous apprendre au plus tôt… Et pourquoi vous menacerais-je ? Je me soucie bien d’obtenir quelque chose de vous par l’intimidation ! Il me faut votre libre consentement, je ne veux point d’une adhésion forcée. Vous êtes une lumière, un soleil… C’est moi qui vous crains de toute mon âme, et non vous qui me craignez ! Je ne suis pas Maurice Nikolaïévitch… Figurez- vous qu’au moment où j’arrivais ici à bride abattue, j’ai trouvé Maurice Nikolaïévitch près de la grille de votre jardin… il a dû passer là toute la nuit, son manteau était tout trempé ! C’est prodigieux ! Comment un homme peut-il être fou à ce point là ?