rée d’avance, mais qui n’a pas encore eu le temps de se flétrir ; toutefois, mesdames, je vous l’assure, je suis devenu tout d’un coup réaliste au point de croire qu’à notre époque les lauriers font beaucoup mieux dans les mains d’un habile cuisinier que dans les miennes…
— Oui, un cuisinier est plus utile, cria un séminariste, celui-là même qui s’était trouvé à la « séance » chez Virguinsky. Il régnait une certaine confusion dans la salle. Bon nombre d’individus avaient brusquement quitté leurs places pour se rapprocher de l’estrade où avait lieu la cérémonie du couronnement.
— Moi, maintenant, je donnerais bien encore trois roubles pour un cuisinier, ajouta un autre qui fit exprès de prononcer ces mots à très haute voix.
— Moi aussi.
— Moi aussi.
— Mais se peut-il qu’il n’y ait pas de buffet ici ?
— Messieurs, c’est une vraie flouerie…
Je dois du reste reconnaître que la présence des hauts fonctionnaires et du commissaire de police imposait encore aux tapageurs. Au bout de dix minutes tout le monde avait repris sa place, mais l’ordre n’était pas rétabli. La fermentation des esprits faisait prévoir une explosion, quand arriva, comme à point nommé, le pauvre Stépan Trophimovitch…
IV
J’allai pourtant le relancer encore une fois dans les coulisses pour lui faire part de mes craintes. Au moment où je l’accostai, il montait les degrés de l’estrade.
— Stépan Trophimovitch, lui dis-je vivement, — dans ma conviction un désastre est inévitable ; le mieux pour vous est de ne pas vous montrer ; prétextez une cholérine et retournez