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capitaine qui était ivre eut beau crier, on l’expulsa de la salle. Peu à peu cependant les gens comme il faut arrivaient ; les tapageurs mirent une sourdine à leur turbulence, mais le public même le plus choisi avait l’air surpris et mécontent ; plusieurs dames étaient positivement inquiètes.

À la fin, on s’assit ; l’orchestre se tut. Tout le monde commença à se moucher, à regarder autour de soi. Les visages exprimaient une attente trop solennelle, — ce qui est toujours de mauvais augure. Mais « les Lembke » n’apparaissaient pas encore. La soie, le velours, les diamants resplendissaient de tous côtés ; des senteurs exquises embaumaient l’atmosphère. Les hommes étalaient toutes leurs décorations, les hauts fonctionnaires étaient venus en uniforme. La maréchale de la noblesse arriva avec Lisa, dont la beauté rehaussée par une luxueuse toilette était plus éblouissante que jamais. L’entrée de la jeune fille fit sensation ; tous les regards se fixèrent sur elle ; on se murmurait à l’oreille qu’elle cherchait des yeux Nicolas Vsévolodovitch ; mais ni Stavroguine, ni Barbara Pétrovna ne se trouvaient dans l’assistance. Je ne comprenais rien alors à la physionomie d’Élisabeth Nikolaïevna : pourquoi tant de bonheur, de joie, d’énergie, de force se reflétait-il sur son visage ? En me rappelant ce qui s’était passé la veille, je ne savais que penser. Cependant « les Lembke » se faisaient toujours désirer. C’était déjà une faute. J’appris plus tard que, jusqu’au dernier moment, Julie Mikhaïlovna avait attendu Pierre Stépanovitch ; depuis quelques temps elle ne pouvait plus se passer de lui, et néanmoins jamais elle ne s’avoua l’influence qu’il avait prise sur elle. Je note, entre parenthèses, que la veille, à la dernière séance du comité, Pierre Stépanovitch avait refusé de figurer parmi les commissaires de la fête, ce dont Julie Mikhaïlovna avait été désolée au point d’en pleurer. Au grand étonnement de la gouvernante, il ne se montra pas de toute la matinée, n’assista pas à la solennité littéraire, et resta invisible jusqu’au soir. Le public finit par manifester