ndonner mon ami, mais je jugeais inutile de lui faire encore des observations. Il avait l’air d’un homme qui se prépare à accomplir le sacrifice de Décius. Nous nous assîmes non à côté l’un de l’autre, mais chacun dans un coin différent, moi tout près de la porte d’entrée, lui du côté opposé. Tenant dans sa main gauche son chapeau à larges bords, il inclinait pensivement la tête et appuyait ses deux mains sur la pomme de sa canne. Nous restâmes ainsi pendant dix minutes.
II
Tout à coup Lembke accompagné du maître de police entra d’un pas rapide ; il nous regarda à peine, et, sans faire attention à nous, se dirigea vers son cabinet, mais Stépan Trophimovitch se campa devant lui pour lui barrer le passage. La haute mine de cet homme qui ne ressemblait pas au premier venu produisit son effet : Lembke s’arrêta.
— Qui est-ce ? murmura-t-il d’un air étonné ; quoique cette question parut s’adresser au maître de police, il ne tourna pas la tête vers lui et continua d’examiner Stépan Trophimovitch.
— L’ancien assesseur de collège Stépan Trophimovitch Verkhovensky, Excellence, répondit Stépan Trophimovitch en s’inclinant avec dignité devant le gouverneur qui ne cessait de fixer sur lui un œil du reste complètement atone.
— De quoi ? fit avec un laconisme autoritaire André Antonovitch, et il tendit dédaigneusement l’oreille vers Stépan Trophimovitch qu’il avait fini par prendre pour un vulgaire solliciteur.
— Aujourd’hui un employé agissant au nom de Votre Excellence est venu faire une perquisition chez moi ; en conséquence je désirerais…