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e fois ne vous fâchez pas ; j’étais venu pour vous dire deux petits mots urgents ; mais vous êtes si mal disposé…

André Antonovitch, pendant ce temps, avait serré son manuscrit dans une bibliothèque en bois de chêne et fait signe à Blum de se retirer. L’employé obéit d’un air de chagrin.

— Je ne suis pas mal disposé, seulement… j’ai toujours des ennuis, grommela le gouverneur.

Quoiqu’il eût prononcé ces mots en fronçant les sourcils, sa colère avait disparu ; il s’assit près de la table.

— Asseyez-vous, continua-t-il, — et dites-moi vos deux mots. Je ne vous avais pas vu depuis longtemps, Pierre Stépanovitch ; seulement, à l’avenir, n’entrez plus brusquement comme cela… on est quelquefois occupé…

— C’est une habitude que j’ai…

— Je le sais et je crois que vous n’y mettez aucune mauvaise intention, mais parfois on a des soucis… Asseyez-vous donc.

Pierre Stépanovitch s’assit à la turque sur le divan.

III

— Ainsi vous avez des soucis ; est-il possible que ce soit à cause de ces niaiseries ? dit-il en montrant la proclamation. — Je vous apporterai de ces petites feuilles autant que vous en voudrez, j’ai fait connaissance avec elles dans le gouvernement de Kh…

— Pendant que vous étiez là ?

— Naturellement, ce n’était pas en mon absence. Elle a aussi une vignette, une hache est dessinée au haut de la page. Permettez (il prit la proclamation) ; en effet, la hache y est bien, c’est exactement la même.

— Oui, il y a une hache. Vous voyez la hache.