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oit de vous compromettre davantage dans ma compagnie. _Oh ! croyez-moi, je serai calme ! _Je me sens en ce moment _à la hauteur de ce qu’il y a de plus sacré…_

— Peut-être entrerai-je avec vous dans la maison, interrompis-je. — Hier, leur imbécile de comité m’a fait savoir par Vysotzky que l’on comptait sur moi et que l’on me priait de prendre part à la fête de demain en qualité de commissaire : c’est ainsi qu’on appelle les six jeunes gens désignés pour veiller au service des consommations, s’occuper des dames et placer les invités ; comme marque distinctive de leurs fonctions, ils porteront sur l’épaule gauche un nœud de rubans blancs et rouges. Mon intention était d’abord de refuser, mais maintenant cela me fournit un prétexte pour pénétrer dans la maison : je dirai que j’ai à parler à Julie Mikhaïlovna… Comme cela, nous entrerons ensemble.

Il m’écouta en inclinant la tête, mais sans paraître rien comprendre. Nous nous arrêtâmes sur le seuil.

_— Cher, _dit-il en me montrant la lampe allumée dans le coin, _cher_, je n’ai jamais cru à cela, mais… soit, soit ! (Il se signa.) _Allons._

— « Au fait, cela vaut mieux », pensai-je, comme nous nous approchions du perron, — « l’air frais lui fera du bien, il se calmera un peu, rentrera chez lui et se couchera… »

Mais je comptais sans mon hôte. En chemin nous arriva une aventure qui acheva de bouleverser mon malheureux ami…