— Si j’avais su que cela vous ferait tant d’effet, je n’aurais rien dit… Mais je pensais que Barbara Pétrovna elle-même vous avait déjà mis au courant.
— Vous ne pensiez pas cela du tout ! Commencez, commencez donc, vous dit-on !
— Mais, vous aussi, asseyez-vous, je vous prie. Je ne pourrai pas parler si vous continuez à vous agiter ainsi devant moi.
Dominant son émotion, Stépan Trophimovitch s’assit avec dignité sur un fauteuil. L’ingénieur regardait le plancher d’un air sombre. Lipoutine le considéra avec une joie maligne.
— Mais je ne sais comment entrer en matière… vous m’avez tellement troublé…
VI
— Tout à coup, avant-hier, elle m’envoie un de ses domestiques avec prière de l’aller voir le lendemain à midi. Pouvez-vous vous imaginer cela ? Toute affaire cessante, hier, à midi précis, je me rends chez elle. On m’introduit immédiatement au salon, où je n’ai à attendre qu’une minute : elle entre, m’offre un siège, et s’assied en face de moi. J’osais à peine y croire ; vous savez vous-même quelle a toujours été sa manière d’être à mon égard ! Elle aborde la question sans préambule, selon sa coutume. « Vous vous rappelez », me dit-elle, « qu’il y a quatre ans, Nicolas Vsévolodovitch, étant malade, a commis quelques actes étranges, dont personne en ville ne savait que penser, jusqu’au moment où tout s’est éclairci. Vous avez vous-même été atteint par un de ses actes. Nicolas Vsévolodovitch, après son retour à la santé, est allé chez vous, sur le désir que je lui en ai témoigné. Je sais aussi qu’auparavant il avait déjà causé plusieurs fois avec vous. Dites-moi franchement et