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questionné par moi à ce sujet, répondit en fronçant le sourcil : « Oui, je n’étais pas très bien à cette époque. » Mais n’anticipons pas.

Je ne fus pas peu étonné non plus du débordement de haine qui alors se produisit partout contre « le querelleur et bretteur de la capitale ». On voulait absolument voir dans son cas un affront fait de propos délibéré à la société tout entière. Évidemment cet homme n’avait rallié autour de lui aucune sympathie, et s’était au contraire aliéné tout le monde, mais comment cela ? Jusqu’à l’affaire du club, il n’avait eu de querelle avec personne, n’avait offensé âme qui vive, s’était toujours montré d’une politesse irréprochable. Je suppose qu’on le haïssait à cause de son orgueil. Nos dames elles-mêmes, qui avaient commencé par l’adorer, criaient maintenant contre lui encore plus que les hommes.

Barbara Pétrovna était consternée. Elle avoua plus tard à Stépan Trophimovitch qu’elle avait prévu cela longtemps en avance, que chaque jour, depuis six mois, elle s’attendait précisément à quelque incartade de ce genre. Aveu remarquable dans la bouche d’une mère. « Voilà le commencement ! » pensait-elle frissonnante. Le lendemain de l’incident survenu au club, elle décida qu’elle aurait un entretien avec son fils, mais, malgré son caractère résolu, la pauvre femme ne pouvait s’empêcher de trembler. Après une nuit sans sommeil, elle alla tout au matin conférer avec Stépan Trophimovitch, et pleura chez lui, elle qui n’avait jamais pleuré devant personne. Elle voulait que Nicolas lui dit au moins quelque chose, daignât s’expliquer. Nicolas, toujours si poli et si respectueux avec sa mère, l’écouta pendant quelque temps d’un air maussade, mais très sérieusement ; tout à coup il se leva, lui baisa la main et sortit sans répondre un mot. Comme par un fait exprès, le soir de ce même jour eut lieu un nouveau scandale, qui, sans avoir à beaucoup près la gravité du premier, accrut encore l’irritation d’un public déjà très mal disposé.

Cette fois ce fut notre ami Lipoutine qui écopa. Il arriva