— Tu parais compter beaucoup sur toi !
— Ce n’est pas sur moi que je compte, monsieur, c’est sur vous.
— Je n’ai aucun besoin de toi, te dis-je !
— Mais moi, monsieur, j’ai besoin de vous, voilà ! Vous me retrouverez quand vous repasserez, je vous attendrai.
— Je te donne ma parole d’honneur que, si je te rencontre, je te garrotterai.
— Eh bien ! en ce cas, j’aurai soin de me munir d’une courroie. Bon voyage, monsieur ; en somme, vous avez abrité l’orphelin sous votre parapluie, rien que pour cela je vous serai reconnaissant jusqu’au tombeau.
Il s’éloigna. Nicolas Vsévolodovitch poursuivit son chemin en s’abandonnant à ses réflexions. Cet homme tombé du ciel avait la conviction qu’il lui était nécessaire, et il s’était empressé de le lui déclarer sans y mettre aucunes formes. En général, on ne se gênait guère avec lui. Mais peut-être tout n’était-il pas mensonges dans les paroles du vagabond, peut-être en effet avait- il offert ses services de lui-même et à l’insu de Pierre Stépanovitch ; en ce cas, la chose était encore plus étrange.
II
La maison où se rendait Nicolas Vsévolodovitch était située dans un coin perdu, tout à l’extrémité de la ville ; complètement isolée, elle n’avait dans son voisinage que des jardins potagers. C’était une petite maisonnette en bois qui venait à peine d’être construite et n’avait pas encore son revêtement extérieur. À l’une des fenêtres on avait laissé exprès les volets ouverts, et sur l’appui de la croisée était placée une bougie évidemment destinée à guider le visiteur attendu à cette heure tardive. Nicolas Vsév